Qui est Virginie Chomicki, la nouvelle numéro 2 d’iTELE bombardée par Bolloré ?

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Capture d’écran de Virginie Chomicki à la présentation de LCI.

Parachutée par Vincent Bolloré le 10 octobre dernier, la nomination de Virginie Chomicki au poste de numéro 2 d’iTELE a tout autant étonné sa nouvelle rédaction que celle de LCI, où elle a passé près de sept ans. Portrait d’une Bolloré girl au CV gonflé par le groupe Canal.

 

Si son nom est sur toutes les lèvres dans le grand immeuble de verre d’iTELE, on l’aperçoit peu dans les couloirs de la chaîne. Depuis sa nomination au poste de directrice-adjointe de la chaîne, Virginie Chomicki rase les murs. « Pour l’instant, elle n’a pas eu le temps de se poser. Elle est plutôt en contact avec la direction de Canal » ; « Elle consigne les doléances de chacun et les fait ensuite remonter à la direction » ; « Elle se fait très discrète et n’intervient pas du tout dans l’éditorial », racontent ses collègues.

A la rédaction, on s’attendait à voir une ancienne présentatrice aguerrie comme le laissait supposer le communiqué de Canal +. A la place, les journalistes sont confrontés à une jeune femme de 31 ans au CV en réalité très léger au regard des compétences que demande son poste. Pire, celle qui est en charge de la mise en place et du développement de CNews, le futur nom d’iTELE, n’a aucune expérience en management des médias.

Cette désignation est le dernier acte d’un vaste jeu de chaises musicales orchestré par le nouveau propriétaire du groupe, Vincent Bolloré, dans lequel Cécilia Ragueneau, directrice générale, Céline Pigalle, directrice de la rédaction, et Laure Bezault, secrétaire générale de la rédaction, ont été éjectées les unes après les autres. A l’image de ce qui s’est passé à Canal +, le nouveau tycoon breton a appliqué sa « politique de la table rase » en décapitant sa chaîne d’infos pour y placer une tête que l’on dit « Bolloré friendly ». Virginie Chomicki sera donc le bras droit de Guillaume Zeller, nouveau patron d’iTELE, et le journaliste Philippe Labro son bras gauche, recruté en qualité de conseiller.

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Elle passe des essais pour être présentatrice

Qui aurait pu prévoir une telle ascension ? Pas ses anciens collègues. Il y a sept ans, la jeune Virginie Chomicki débarque à LCI avec l’accent chantant du sud-est de la France et une détermination à « réussir » dans ce qui la botte vraiment, la présentation. Diplômée en sciences politiques à Sciences Po Aix-en-Provence, promo 2007, et d’un master de journalisme politique à l’international l’année suivante, elle avait fait un bref passage à New York pour un stage aux relations presse d’Universal Music avant d’atterrir à Nice Matin. En 2008, elle monte donc à Paris avec « ses trois articles de presse écrite sous le bras », comme le raconte une journaliste de LCI.

Après quelques jobs d’assistante ainsi qu’un ou deux remplacements à la présentation, elle est assignée aux « titres ». Dans une chaîne d’infos en continu, les titres constituent la bande supérieure de l’écran – au-dessus du bandeau – qui affiche les breaking news et les citations les plus importantes des invités en plateau ou des discours retransmis sur la chaîne.

Moins de deux ans après son arrivée à la chaîne, elle postule pour assurer la présentation pendant l’été 2010 – une pratique courante dans les chaînes d’actu lorsque les présentateurs vedettes partent en vacances. Elle passe les essais, réussit le casting et on lui confie « un ou deux JT », se remémore une journaliste. Ses prestations sont remarquées par des « capseurs » – ces internautes qui repèrent les jolies présentatrices et inondent le web de captures d’écran – mais elle ne convainc pas la direction. L’expérience s’arrête à la fin de l’été. Elle ne devient pas joker des titulaires mais revient à son poste de titreuse.

« Ce n’était pas assez bien écrit », juge-t-on au sein de la rédaction. Elle présente bien à l’écran mais « sur le fond, ce n’était pas satisfaisant ». Cet « échec » relatif la déprime.  « Elle n’était plus comme au tout début, en mode « J’arrive, je souris, j’ai la patate, j’essaye de me vendre, j’ai plein d’idées ». Après ça, elle arrivait en traînant les pieds, elles faisait ses heures et puis basta. »

Elle se constitue un réseau

Ses anciens collègues gardent d’ailleurs un souvenir mitigé de sa présence auprès d’eux :

«Elle a bu deux ou trois coups avec nous au début, elle demandait des conseils. Et puis après, ça ne s’est pas très bien passé parce qu’on lui disait que ce qu’elle faisait n’était pas encore assez bon. Elle ne voyait pas les choses ainsi : elle était très sûre d’elle. A partir de là, elle s’est vexée.»

Pour le reste, c’est « une fille plutôt sympathique » pour les uns, « assez agréable » pour d’autres. Soucieuse de préserver sa vie privée, Virginie Chomicki passe peu de soirées avec les journalistes de la chaîne. « J’ai le sentiment que ses amis étaient dehors », confie une personne qui a travaillé avec elle. « Elle allait tout le temps aux soirées, aux cocktails », assure un salarié. De fil en aiguille, la jeune journaliste à l’accent niçois se constitue son « réseau pro » en dehors de LCI.

« Une présentatrice n’était pas convaincue par l’intérêt de sa chronique »

Virginie Chomicki rebondit quelques mois après son expérience malheureuse à la présentation et décroche une chronique hebdomadaire consacrée à la « Culture pop », qu’elle présente dans l’émission « Matin Week-end », « sur son temps libre, en plus de son job de titreuse ». Un vrai travail d’écriture journalistique pour elle, et surtout une belle opportunité de montrer ce qu’elle sait faire devant la caméra.

Si, pour certains, cette nouvelle aventure prouve qu’elle « avait un potentiel que la direction de la chaîne avait repéré », d’autres sont plus perplexes : « C’est rare que trois ou quatre mois après avoir raté la présentation des JT et avoir été écarté de la grille, on te propose une chronique, qui est un exercice qui demande encore plus de qualité rédactionnelle. »

Cette chronique ne dure que quelques mois. « C’était un peu fourre-tout, il n’y avait pas vraiment d’angle », reproche-t-on à la jeune journaliste. Un autre journaliste estime cependant que la décision de supprimer sa chronique est venue d’une présentatrice, qui « n’était pas convaincue de son intérêt ».

La jeune fille confie sa frustration et son sentiment d’être injustement traitée à qui veut l’entendre, à la cafétéria ou pendant ses pauses. Mais les oreilles de ses collègues ne sont pas toujours bienveillantes. Certains lui reprochent son attitude jusqu’au-boutiste :  « la présentation ou rien ». « Elle a commencé à poser de nombreux arrêts maladie », ajoute un collègue. Même ceux qui l’apprécient reconnaissent que sa présence se raréfie.

Elle avait postulé pour des piges à iTELE

Elle finit par quitter LCI en mai 2015 sans heurt… et sans pot de départ. Pour ses anciens collègues, la seule source d’information sur Virginie Chomicki, c’est Facebook. Ils se rendent compte qu’elle s’est mise à faire des sujets pour TV5 Monde à partir du mois de juin – « des complets, où on entendait sa voix mais on ne voyait pas son visage ». Ravie, elle poste un statut enthousiaste pour annoncer sa « première cabine » (le nom de ce type de sujets en télévision, ndlr).

Elle postule pour des piges à iTELE en milieu d’année. Après avoir examiné son CV, Laure Bezault la reçoit dans son bureau mais choisit de ne pas retenir sa candidature. Ironie de l’histoire, Laure Bezault sort quelques mois plus tard par la petite porte quand Virginie Chomicki prend la grande. Sur décision de Vincent Bolloré, l’ancienne titreuse est nommée numéro 2 d’iTELE.

Quand l’information tombe sur les réseaux sociaux, ses anciens collègues de LCI doivent la relire à deux fois pour y croire. Certains ont « halluciné », pour d’autres « c’était la stupeur ». Finalement, sans avoir besoin de passer devant la caméra, Virginie Chomicki a réussi à être nommée à la tête d’une des plus grandes chaînes d’infos en France.

Contactée à deux reprises, Virginie Chomicki n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.

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